Un jour sans fin
Un jour sans fin alias Groundhog Day est probablement à jamais un de mes films favoris, l’étonnant Bill Murray ne sera plus jamais le même après ce film dans mon cœur.
Bill Murray dans le rôle de Phil Connors, un présentateur météo, aigri, prétentieux, cynique se prépare à attaquer un reportage en somme anecdotique : le jour de la marmotte à Punxsutawney Se dépêchant de bâcler ce minable éventement – la caméra se révèle impuissante pour décrire l’émotion de cette marmotte pour revenir dans son monde du showbiz (alias Pittsburgh), hélas pour lui, le blizzard le force lui et son équipe de séjourner une journée de plus à Punxsutawney. Et là découverte stupéfiante, Phil Connors revit encore et toujours le même jour, et il est le seul à s’en rendre compte !
Le concept parait basique, voir classique, généralement ce sujet y est souvent développé dans les séries. Quelques films d’animations Japonais reprennent quelques fois cet élément comme l’excellent film Lamu : Un rêve sans fin (signé Mamoru Oshii). Parmi les films américains, dernièrement nous avons eux droits à un transfuge d’un jour sans fin dans le film Edge of Tomorrow, qui ne restera pas dans les anales selon moi …
Mais alors, pourquoi Un jour sans fin continue t-il malgré les années à conserver sa fraicheur ? La réponse est en deux noms : Bill Murray et Harold Ramis. Ce film consolide ce que nous savions déjà sur Bill Murray, c’est un acteur multi facette, il est talentueux, cynique et incroyablement drôle. Quant au regretté Harold Ramis, il fait preuve d’un sens de l’humanité assez touchant, ce film est relativement apprécié par toutes formes de philosophies et religions assez divers et variés. Il faut dire que le film gère le thème de l’évolution, du surpassement de soi avec brio.
Car oui, Phil Connors est odieux (mais très drôle) mais il traverse plusieurs étapes, plusieurs cheminements dans ce film. Le film est d’ailleurs étudié pour nous permettre quelques points de repères à travers les émotions du héros. Il passe ainsi de la peur, cette incompréhension sur cette journée qui ne cesse de se répéter. Et puis vint le Phil qui commence à profiter de la situation, nous gratifiant d’un plan de drague assez amusant sur une passante (dénommée Nancy). Puis cette partie nous fait comprendre un attachement caché envers Rita, sa productrice. On passe donc à la partie de drague envers Rita, Phil, profite des journées qui se succèdent pour aller systématiquement dans son sens. Mais malgré tout ses efforts, il ne parviendra jamais à l’obtenir car Rita n’est pas dupe et comprends la supercherie. Arrive alors le passage où Phil tente plusieurs fois de mettre à ces jours. Malgré la thématique glauque, personne n’a jamais été choqué de cette partie à ce que je sache. Phil comprend alors qu’il en est presque devenu immortel. Se réveillant sans cesse sur son lit.
Révélant cet état de fait à une Rita qui ne connait rien de ses événements et qui revit sans le savoir cette journée, Phil commence à prendre un chemin touchant dans sa détresse, il voudrait que Rita croit en lui. Il devient alors l’homme utile, celui qui sait à l’avance ce qui se passe sur chacun des individus de Punxsutawney. Pourtant, malgré ça, une personne ne pourra pas être sauvé de l’aide providentielle de Phil, un SDF qui s’apprête à mourir cette journée là. Cette étape est importante dans l’évolution de Phil, car il ne peut pas changer ce qui est inéluctable. Le film reprends son cours avec les étonnants progrès de Phil et ce dans tous les domaines. Le personnage devient humble, généreux, et parvient à faire vaciller le cœur de Rita.
Ainsi Phil revient sur la courbe temporelle de tous, il passe enfin au 3 février avec Rita l’accompagnant désormais, livrant cette phrase « tout changement est bon« . Une fin positive, émouvante et brillante pour ce qui du summum de la comédie. Les quelques personnages secondaires ne sont pas en reste, on retiendra le grandiloquent Ned Ryerson, on ne se lasse jamais de ces interactions dans ce film, surtout quand Phil lui graffiti d’un joli coup de poing.
Le réveil du matin est juste mythique :
Je ne m’en lasse pas de enthousiasme de ces deux animateurs de radios.
La belle Nancy quant à elle est amusante, Phil la drague par un stratagème habile et permet d’effectuer le changement de parti paisiblement avec Rita.
Mention spécial à la voix française de Robin Williams (Michel Papineschi) sur Ned Reyerson. En parlant des voix Française, c’est Richard Darbois qui incarne ce coup ci Bill Murray qui depuis a été succédé par Bernard Métraux à l’heure actuelle. Le résultat est largement satisfaisant, une habitude pour ce comédien.
Les quelques informations autour de ce film sont intéressante, ainsi Harold Ramis révèle que le héros revit ce même jour pendant … 10 ans ! Cependant, il était prévu à la base que cette journée se répète pendant … 10 000 ans ! Un chiffre assez courant dans le bouddhisme.
Si tout semble tout rose pour ce film, en interne, une dispute avec les deux principaux intéressés éclatera, suite à l’orientation du film qui ne convient guère à Bill Murray, après la sortie du film, ce dernier refusera de parler à son ami Ramis. Pour info, Bill Murray était en plein divorce lors du tournage du film, ce qui a engendré plusieurs colères de sa part notamment sur les choix de son ami. L’acteur voulait que ce film soit contemplatif tandis qu’Harold voulait en faire une comédie, c’est ce dernier qui aura le dernier mot au final.
Dispute qui explique définitivement pourquoi Bill Murray n’a jamais participé aux bonus du DVD du film qui brillent par son absence. Il faudra attendre la triste et pénible mort d’Harold pour voir Bill Murray glissé du fond de son cœur un hommage très émouvant sur son défunt ami. Quel gâchis ! On retiendra que de son coté, Harold n’a jamais cessé de complimenter Bill Murray sur ce film, et ce dans les commentaires audios du film, auquel cette dispute passe sous silence.
Concernant l’édition Blu Ray, rien de neuf à signaler, les bonus sont identiques à ceux du DVD. J’aurais juste un petit bémol à faire, l’édition DVD proposait un menu assez fidèle au film, pour ne pas dire original. Retraçant les lieux cultes de Punxsutawney :
Au final, Un jour sans fin est probablement le film que j’ai le plus visionné (un visionnage sans fin) au nom de tout ce qu’il apporte, cette évolution constante de l’homme, et c’est ce qui a plu selon moi au public. Cette possibilité de changer de vie du tout au tout est probablement le message (surnaturel) du film. Rita se révèle lumineuse, attachante avec de véritables convictions, et ça marche du tonnerre ! Le plus fort, c’est que vu la thématique, le film ne se répète jamais. Un conte de fées merveilleux et incontestablement intemporel.
Honnêtement, l’un des meilleurs articles que j’ai lus sur Un jour sans fin, au passage l’un de mes films favoris également.
Je ne savais pas pour l’histoire Ramis/Murray, c’est intéressant de lire une chouette analyse comme celle-ci parsemée de quelques commentaires contextuels.
Merci pour cette lecture !
Merci beaucoup ^^ , ça été laborieux pour retrouver des anecdotes sur ce film en dehors des commentaires audios. Mais je ne comprends pas vraiment la réaction de Bill Murray sur ce film un poil disproportionné.
Ça reste de loin un de films que j’ai le plus revu, un visionnage sans fin ^^
Perso’, je connais ce film depuis super longtemps (avant mes 10 ans je crois), et mon frère a dû se tuer pour me le faire voir. Depuis, j’apprécie de le regarder plusieurs fois par an, une sorte de madeleine de Proust.
Je dois connaitre pour ma part ce film depuis 1995, je l’ai découvert via une diffusion à la télé qu’un pote avait enregistré. Moi aussi il avait du se tuer pour me le montrer. Depuis je fais la même chose que toi, je le visionne régulièrement au point d’avoir acheté plusieurs versions. Soyons clair, ça n’a que peu d’intérêt d’acheter une comédie en Blu Ray, mais Un jour sans fin est un film très important dans mon cœur. Un film foncièrement positif, sur notre évolution.
Tout changement est bon.
Je comprends le fait d’acheter le Blu Ray dans ces cas-là, j’suis un peu pareil.
Mais bon les bonus sont hélas les mêmes, à savoir une interview se passant toujours sans Bill Murray … La force de l’édition reste toujours les commentaires audios passionnants de bout en bout.
Ce film est très important, à l’instar de quelques rares films. Il faut le faire découvrir aux nouvelles générations car il n’a pas trop mal vieilli et offre un témoignage sur ce qu’est la vie et surtout comment on peut changer sa vie. De l’égoïsme, Phil Connors passe à la générosité, et c’est celà qui rompt le maléfice du cycle infernal des réincarnations – avec comme corollaire important la culture, l’art, l’érudition, l’instruction, l’apprentissage par l’effort et dans la durée (il apprend le piano, à sculpter dans la glace). Les chinois disent que la culture est ce qui reste quand on a tout oublié. Dans le Coran, il est un terme qui désigne « l’homme » et qui signifie également « oubli » : d’ailleurs, seul Phil Connors se souvient de ce qui s’est passé la veille, alors que tous les autres l’ont oublié.
Je conseille, si vous aimez ce genre de réflexion, le film Nossolar, qui parle un peu de la même chose mais de façon plus mystique : attention, ce n’est pas une comédie… ! Une belle comédie sur le concept de rétribution à la manière Bouddhiste est Alberto Express, un film méconnu mais génial.
Le film Nossolar ? C’est noté, je vais tenter de le regarder prochainement.
Concernant le film un jour sans fin, on est bien d’accord sur la moralité du film. Que les autres protagonistes oublient ce qui s’est passé la vieille témoigne justement une malédiction envers et contre Phil.
Ce film est en effet indémodable. Je le revois minimum une fois par an.