Ah en voilà un film culte que j’ai visionné je ne sais combien de fois ! Ce film ou plus exactement sa réalisation m’a toujours fasciné, tant il se démarque assurément des autres films que je regardais à l’époque. Bien sûr, les puristes du romans retrouveront à redire sur quelques différences … Par exemple, Dracula choisi de son plein gré de devenir le prince des ténèbres, tandis que dans le roman, il s’agit ni plus ni moins d’une victime.
Le film a droit à plusieurs moments cultes, mais j’y reviendrais étape par étape, faisons les choses dans l’ordre avant tout. Francis Ford Coppola signe là un de ses chefs d’œuvres du cinéma. Voyons les différentes parties du film.
L’introduction :
Début extrêmement original, Coppola dans le souci du détail a fait quelques recherches sur les origines du vampire. Les inspirations de Bram Stoker le conduisirent vers Vlad Țepeș.Le fait qu’il était surnommé « l’empaleur » à donné une motivation supplémentaire aux forces Ottomanes qui étaient alors supérieures (fait historique).
L’histoire commence donc avec une narration très différente des autres adaptations jusque là. Les commentaires audios (je vais beaucoup me baser dessus je vous préviens) révèlent que le champ de bataille était un problème pour l’équipe du film. C’est Roman Coppola chargé de la deuxième équipe du film qui créa les effets spéciaux. Passant outre les problèmes de budgets et des figurants aidés alors par Gary Gutierrez.
Le résultat m’a toujours séduit, et cette façon singulière de montrer ces empalements … La manière dont Dracula triomphe de ses ennemis, c’est une image assez forte ! Vient alors le point de rupture du personnage. Elisabeta se suicide en pensant que son amour avait été décimé lors de la bataille. Réfutant ce drame et de voir sa bien aimé damnée, il devient alors l’ennemi du Christ. Il est intéressant de voir Anthony Hopkins comme évêque représentant l’église, et ainsi déjà adversaire de Dracula. Il est en quelque sorte le second personnage à se réincarner avec celui de Mina.
Mention spéciale pour l’armure de Dracula.
Les aventures de Jonathan Harker
Il s’agit là de ma partie favorite du film, et beaucoup de critiques de l’époque (notamment Télérama) s’accordait à dire que la première demi heure était parfaite. Je suis d’accord pour reconnaître que cette première partie du film m’intéresse beaucoup plus que le reste. Je me rappel de quelques critiques sur Keanu Reeves sur la toile, car l’acteur en faisait « trop », où donnait faussement l’impression d’être le héros … Ces reproches trouvent des réponses dans les scènes alternatives, vous verrez.
Déjà par où commencer. Ce déluge visuel, ce fameux plan sur le train de Jonathan. La voix Française de Dracula,André Oumansky est juste parfaite !Elle procure un malaise immédiat. La prononciation des mots (oui l’accent est respecté), et cette façon de jouer « votre ami … D » ! A ce sujet, le film à failli se nommer « D » pour montrer que le film n’était pas comme les autres.
La scène avec les bohémiens dans le carrosse a malheureusement été coupée, ne laissant que cette information « parce que les morts courent vite« . Je reviendrais plus tard sur les scènes alternatives bien sûr ! Si le film n’essaye pas de faire peur, il a le mérite de proposer une photographie inouïe ! Et cette partie du film en est un festival ! Le cocher fantomatique qui étend sa main pour le faire venir sur sa calèche est juste stupéfiant.
L’acteur qui se cache sous le masque du cocher !
Le château n’est pas en reste, d’ailleurs son design m’a toujours fait penser à un trône gigantesque quand j’étais gamin.En réalité, j’étais loin du compte, puisque le château est inspiré d’une peinture de Kupka
La peinture de Frantisek Kupka qui a inspiré le château de Dracula
Le moindre petit détail est propre à du surnaturel, beaucoup de phénomènes métaphysiques entourent le Comte. Même les bruits de fonds sont touchant, notamment lorsqu’il dit être Dracula, des voix raisonnent derrière et ce très brièvement. Jonathan franchit de lui-même le pas, et devient logiquement une cible de premier choix.
Pour information, le tableau qui illustre Dracula est fortement inspiré d’un auto portrait de Dürer (merci au blog de kinopitheque de l’information)
Il faut saluer le costume du Comte, c’est juste formidable ! Et en fait, si on y regarde bien, les habits font fortement penser à ceux des pays de l’Asie. Et ça s’en retrouve confirmé avec le nom de la costumière Eiko Ishioka (paix à son âme, elle est décédée en 2012). Quelques unes de ses créations du film sur cette page pour les plus curieux ! Sa vision sur le costume de Dracula, ses cheveux ont largement contribué au succès du film. Le tout était de se démarquer des autres films de vampire, là dessus, il est impossible d’en faire le reproche au film. Rassurez vous, il y a des choses que je n’aime pas dans le film, je vous le ferai bien savoir plus bas 🙂
La seconde scène est tout aussi efficace avec Jonathan, notamment lorsqu’il voit ses « mains » qu’il y a quelque chose d’étrange. On introduit une nouvelle fois Tom Waits sous le rôle de Renfield ! Je me suis toujours demandé comment il a fait pour élaborer un pacte avec le Comte. En plus, il lui laisse la vie, ne se fait pas pomper de son sang … Mais en revanche, il est en contact avec Dracula, et ne peut plus espérer avoir une vie normale. L’ombre de Dracula est top, le comédien qui se trouvait derrière le décors à dû bien s’amuser pour marquer cette indépendance. D’ailleurs le film est parodié dans les Simpson avec brio !
Il y a même un hommage du film La maison de Dracula lorsque Dracula joue avec sa cape en prenant congé de son notaire. On arrive peu après sur l’introduction de Lucy … Le bonheur de cette scène se trouve dans la musique, portant à la fois un rêve, et quelque chose d’intimement inquiétant (ou alors je suis trop parano). Mais je reviendrais plus bas sur les musiques Wojciech Kilar ! La fin est prenante puisque malgré la distance, Dracula depuis son cercueil parvient à localiser Mina via son ombre. D’ailleurs le plan ou il apparait furtivement devait à la base être utilisé dans une séquence coupée sur Jonathan.
Jack médecin d’un asile étudie le cas de Renfield. Rendons hommage à Laurent Hilling, un formidable comédien français ! Si la VF du dessin animé l’Ile au trésor est culte, c’est en grande partie pour son interprétation de John Silver, mais je m’écarte …
Cette scène introduit la folie des hommes qui restent trop longtemps avec Dracula, et c’est la première fois qu’on parle du thème de l’immortalité. J’aime beaucoup a réponse de Renfield, lorsqu’on lui demande comment il est possible de devenir immortel, sa réponse est plutôt correct ! Le sang est la vie !
Revenons ensuite sur Jonathan, le coup du miroir et sa main qui n’apparait pas un classique mais elle a un joli effet. J’aime la façon de bouger de Dracula (mettez un skatboard sous sa robe). Une chose que je n’avais jamais remarqué avant l’arrivé du Blu Ray, ce sont les mûrs de la chambre qui bougent et cernent de toute part le personnage. Avant cela, la manière dont le Comte lit les lettres de Jonathan, le seul bruit surnaturel à ce moment là suffit à nous faire comprendre qu’il en connait désormais le contenues.
La manière dont Dracula grimpe les murs de son château, c’est déroutant, génial mais déroutant ! Bien sûr ça suis les indications de Bram Stoker. Le plan est ambigu, car on ne sait pas très bien si le personnage monte ou descend un bâtiment, les lois de la physiques sont encore une fois bouleversées.
Alors que Jonathan se retrouve piégé dans ce château, c’est l’occasion de tenter de faire quelque chose. J’aime beaucoup ce flacon de parfum où les gouttes tombent mais vers le haut. Et ensuite voici la scène avec Monica Belluci, sa première apparition dans le cinéma. Comme toujours cette scène doucement érotique a posé quelques problèmes à cause de la timidité des acteurs. Keanu Reeves n’était pas très chaud pour montrer son nombril visiblement.
L’étrange mouvement des deux courtisanes est édifiant … deux femmes se superposant ! Il s’agit là d’une référence à la divine comédie de Gustav Coré,notamment le passage avec les femmes araignées.
Vient la scène la plus sanguinaire … Je ne demande si aujourd’hui il serait possible de voir ça, j’ai cette mauvaise manie de penser que les films d’hier sont plus violents que ceux d’aujourd’hui. Dracula offre un bébé à ses courtisanes … Le jeu d’acteur de Keanu Reeves est parfait, tant il suggère ce qu’il se passe avec horreur et dégout !
Et voilà comment se termine ma partie favorite du film. La meilleure, la plus originale (malgré la thématique), mettant en oeuvre tous les talents de l’équipe de Coppola. La suite ne sera pas décevante mais beaucoup moins plaisante à mes yeux.
Mina , Lucy et Dracula.
Dernière scène de Jonathan, faisant hommage à Nosferatu via la manière dont Dracula se lève. Vient alors ce court passage du Demeter. Malheureusement très vite expédié dans le film. La scène est très étrange, fascinante et inquiétante. Lucy joue dehors, et raisonne derrière elle le rire de Dracula, et quelques plans subliminaux le voyant jouer avec.
Le maître arrive, les animaux en ont peurs, Renfield jubile, l’orage fait rage … Tout est uniformisé pour l’arriver du prince des ténèbres. L’inquiète vue du comte Dracula lorsqu’il se faufile chez Lucy est inquiétante (on pourrait appeler ça la vue FPS ^^; ). Lucy envoutée par Dracula devient à son tour une de ses disciples. Vient s’ajouter cette image de Mina habitée par une aura faisant supposer qu’il s’agit de l’incarnation de la reine Elisabeta. Si vous faites un arrêt sur image, vous verrez que nous apercevons furtivement Dracula sous les traits qu’il était il y a 400 ans. Ce film regorge de détails !
Désormais l’amitié envers Lucy et Mina est rompue, nous arrivons alors sur une nouvelle intrigue moins séduisante à mes yeux. Le film nous fait rappeler que le roman a été écrit au moment ou le cinéma se construisait. Dracula fait donc la connaissance de Mina, au premier abord, elle l’envoie paitre mais cède très rapidement sous le charisme du Comte. Cette romance que j’ai toujours jugé injuste rapport à ce qui arrive à Jonathan Harker se crée avec une certaine poésie. En fait je n’ai jamais réussi à entrer dedans à cause de l’époux retenu prisonnier. Impossible pour moi de prendre parti pour Mina.
En revanche, Lucy, qui hérite d’un nouveau costume de Eiko Ishioka est exceptionnelle. Ses symptômes sont … peu ordinaires. L’occasion de mettre en avant Lord Arthur Holmwood joué par Cary Elwes. Je confesse que je n’ai connu cet acteur que par Dracula et les Saw. Dracula est sur le point de s’emparer de son amour par ses dents de sagesses. Mais le fameux loup évadé fait son apparition. De quoi montrer une scène ou Mina est subjuguée par le talent de son nouvel ami. Comme le dit Coppola :
C’est un mélange de sexe, d’amour, de romance et de mort.
Et voilà, 55 minutes et 40 secondes. C’est le temps qu’il aura fallu attendre pour voir apparaitre le très excentrique Abraham Van Helsing joué avec brio par Anthony Hopkins. Sa connaissance sur le sujet lui confère un rôle clé au sein du film. L’acteur semble avoir eu quelques difficultés à collaborer avec Coppola, ce dernier reconnait être parti du mauvais pied, car il n’aimait pas répéter ses textes, mais aller tout droit à l’essentiel et repartir.
On revient quelques instants sur Jonathan, le rôle du personnage ne cesse de diminuer et il est finalement remplacer par Van Helsing. J’apprécie grandement de voir apparaitre la reine Elisabeta en bas de son supplice, son visage semblant contester ce qu’il est advenu de cette demeure. Mais ceci est de la pure extrapolation de ma part. La encore une belle photographie
La scène où Dracula prend le contrôle de Lucy à distance est un pur régal ! Il s’agit cette fois d’un hommage au film La grande Muraille / The Bitter Tea of General Yen. Aussitôt arrivé, Van Helsing fait preuve de clairvoyances sur le sujet. Il comprend tout de suite que le phénomène est paranormal. Il en vient à se dissimuler on ne sait comment. Mais ses explications sur le sujet du vampire permet enfin aux personnages secondaires de ne plus être spectateur, et va ainsi se dresser une poignée d’humains bien décidés à contre carrer les plans de Dracula.
La scène avec l’absinthe qui était illégal à l’époque est belle et envoutante, on est dans un univers vraiment décalée. Les effets pour montrer la fée verte, me rappellent presque quelques plans de films de Tarantino. S’ajoute l’une des plus belles musiques du film, qui résume à elle seule le lien Dracula / Mina. Toutefois, le meilleur passage musicale de la piste 11 du CD Mina / Dracula vient selon moi lors de la dernière d’évasion de Jonathan … Le voyant tomber dans l’eau une nouvelle fois à cause des lois de la physiques qui sont bien taquines avec le notaire.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’aime moins cette seconde partie, je m’étais tellement attaché à la première que voir la romance Dracula /Mina s’installer tranquillement me remplit d’effroi. D’ailleurs, c’est une raison qui m’a fait détesté le film Two Lovers notamment son dénouement.
Néanmoins, malgré cette nouvelle idylle, les interactions de Van Helsing ne manquent pas d’intérêts. Son combat face à la maladie de Lucy est poignant. Il est presque émouvant de constater que Lucy trahit en quelque sorte son maître puisqu’elle demande à Lucy de rester avec Jonathan. Lucy se marie dans la plus grande tristesse. Son corps est avec Jonathan, mais son âme est manœuvré par son charismatique prince !
Fou de colère, il crée une tempête qui balaye sur le champ la vie de la pauvre Lucy et la transforme en nosferartu, le tout dans une scène qui rend hommage (à qui le tour ?) au film Shining. La scène permettant de voir Lucy en tant que vampire est sacrément impressionnante. Deux anecdotes sont devenues très célèbres à ce sujet. La première c’est que l’enfant de deux ans qu’elle portait avait véritablement peur de l’actrice, voir terrifié. La seconde c’est que le court passage ou elle revient dans son cercueil à été tournée à l’envers, le résultat est excellent ! Ah si tous les Exorcistes-like sortis ces dernières années avaient eux ce niveau d’intensité !
Le retour de Jonathan marque le début de la contre attaque des héros. De quoi permettre également quelques détails sur les pouvoirs de Dracula, de quoi mesurer son emprise sur les autres. Malgré toute sa dévotion, son fanatisme, Renfield trahit Dracula … La créature n’a alors aucune pitié à son égard. Mina amoureuse jusqu’à en pleurer fait preuve de compassion envers la bête, et ce n’est pas faute de lui en vouloir pour Lucy. J’ai horriblement de mal à mon niveau pour ressentir de la compassion sur le Comte, cet homme capable de torturer, ou donner un nouveau né en guise de repas à ses fidèles. Non vraiment je n’arrive pas à tolérer cela, et c’est pourquoi cet amour, bien que merveilleusement touchant musicalement ne prend pas sur moi. Après, Mina est probablement amoureuse part une énième manipulation du prince.
Nous avons tout de même droit à une courte mais très attendue confrontation entre Dracula et Van Helsing. Les étonnantes transformations de Dracula sont splendides, les costumes sont à la hauteur des ambitions du film.
A la poursuite de Dracula !
Et voilà la troisième partie du film. Celle qui conclue le film. Le duo Van Helsing et Mina fonctionne que difficilement. En effet le médecin se trimballe avec lui un désavantage certain. Mina ne cesse de donner des informations (l’inverse également) à son bien aimé, tandis que Jonathan continue de vieillir (du moins par ses cheveux).
Cette partie signe le retour des trois courtisanes de l’enfer (j’aime les nommer ainsi). Elles s’en prennent à Van Helsing, la confrontation probablement très longue dispose d’une ellipse trop importante. En effet, le médecin se débat probablement toute la nuit contre elles, avant de partir à leur recherche pour les guillotiner avec une certaine classe. Notons l’hypnose de ces 3 sorcières envers Mina, une des rares fois où Van Helsing est en position de faiblesse par ces forces occultes. La scène du cercle de feu à poser des problèmes avec l’actrice Winona Ryder.
Et enfin la poursuite … Ces intrépides bohémiens défendent au péril de leur vie … Le Comte est à deux doigts de ne pas regagner son château. C’est ironiquement Jonathan qui est sur le point de terrasser la bête. Il échoue de justesse et c’est finalement Quincey qui est mal chanceux, parvenant à atteindre le cœur du vampire, il est tué par un coup de poing revanchard. Ainsi s’achète leur combat, stoppé par Mina qui souhaite arrêter là le carnage.
C’est alors que la scène du pardon commence. Dieu semble pardonner ENFIN à Dracula, notons que lorsque Mina décapite la tête de son bien aimé, cette idée vient de Georges Lucas en personne. La scène se finit très rapidement par rapport à ce que propose la fin alternative.
Là encore, cette partie est irrégulière, lorgnant entre le bon et le très bon. Mais cette fin connue de tous m’a toujours posé problème car Mina ne semble pas retourner auprès des siens. Elle regarde cette magnifique fresque voyant la reine Elisabeta et Dracula heureux pour toujours. Une façon de dire qu’ils aimeront toujours, comme les vrais amants qu’ils furent. On pourrait presque croire que Mina attend à présent son heure, on sait que c’est faux, mais l’ambiguïté est de mise.
Musique
La musique de Dracula est probablement une des BO que je chéri le plus. C’est le résultat d’une association fructueuse entre Francis Ford Coppola et Kilar Wojciech. Le film utilise plusieurs fois des thèmes ou mieux une musique peut être employée en plein milieu faisant ainsi passer cela pour une nouvelle piste. Par exemple, la musique The Brides est employée intégralement lorsque Jonathan fait face à ses courtisanes de l’enfer, mais elle est de nouveau utilisée lorsque Van Helsing et ses suiveurs vont retrouver Lucy dans son caveau. La musique démarre à 2mn51 de la piste. Les quelques secondes de pistes qui précèdent la musique sont quant à elles une variation de la musique déjà entendue dans le château de Dracula, mais jamais éditée sur CD. Ces montages combinant plusieurs pistes sont légions.
Petit historique sur la genèse de ces musiques.
Francis Ford Coppola, par les connaissances de son père avait entendu parlé des compositeur Polonais, en raison du mécénat d’état pour la musique. Mais son premier choix était en réalité Witold Lutosławski (décédé deux ans après le film).
Coppola l’a déjà vu en concert et connaissait ses œuvres, mais le compositeur à rapidement décliné l’invitation :
Savez vous combien d’heures il me faut pour écrire une minute de musique ?
Le temps lui manquait pour composer cette partition et très certainement que sa santé n’était pas des meilleures. Coppola s’est donc rapproché également de György Ligeti et d’autres compositeurs Polonais. Finalement son choix s’est porté sur Kilar Wojciech ! Sa musique selon le réalisateur est efficace. Aujourd’hui, de nombreuses publicités, et voir même des bandes annonces utilisent les thèmes de Kilar sur ce film.
Francis Ford Coppola :
En réalité il n’a écrit que 3 thèmes sur ce film : Un thème d’amour, un thème initial extrêmement dramatique, et puis un troisième thème. Il m’a donné ces trois thèmes, qu’on a enregistrés. Et c’est tout ce qu’il m’a donné. Et on avait ça pour faire tout le film. Juste ces trois thèmes. J’ai dit, pouvez-vous me donner quelques variations ? Peut-on jouer le thème d’amour ainsi, ou bien ainsi ? Cette orchestration, ou celle-là ? Il a essayé, vraiment essayé, mais finalement il n’a écrit que ces trois thèmes qui étaient superbes, et me les a donnés. Et c’était tout.
(…) Quand on a eu fini le tournage du film, on a vu qu’il nous fallait travailler avec ces thèmes. Nous avions les enregistrements originaux, qu’on avait faits avec beaucoup de micros. On pouvait donc jouer un thème en supprimant les cordes, par exemple, ou bien en supprimant les cuivres, et le monteur musique devait trouver des moyens pour que ces thèmes paraissent très impressionnants et servent pour tout le film sans se répéter. Cela a été une expérience intéressante et positive mais en même temps quelque peu compliquée, comme l’est un compositeur de musique classique. Je crois que c’est est dû au fait que chaque minute de musique demande un gros travail.
Le problème avec ses paroles, c’est que nous ignorons maintenant ce qu’il en est des pistes absentes du CD. Est ce qu’elles sont vraiment de Kilar ? Je songe naturellement à la scène de poursuites à la toute fin du film. Aucun nom ne figure excepté le siens. Beaucoup de musiques sont en effet plusieurs fois employés. Par exemple la piste Mina / Dracula est utilisée lorsque Dracula rampe le mur de son château, lorsqu’il danse avec Mina, et puis enfin sur la dernière apparition de Lucy. Bien sûr ses réutilisations sont subtiles, et il faut être très concentré sur les musiques pour s’en apercevoir du premier coup.
Quoi qu’il en soit, la BO de Dracula est une de mes favorites du cinéma. Je voue à mon tour un culte sur les travaux de Kilar, tout est somptueux de bout en bout. J’aime énormement la piste Mina’s Photo Dracula (1992) 1:25 … Et ce chant … En fait mon vocabulaire ne trouve aucun mot pour définir cette sensation …
Cela fait dix ans que j’écoute ponctuellement cette BO, rien à faire je ne m’en lasse pas. C’est ainsi que je reconnais (pensée subjectif hein ) le talent d’un compositeur … Celui de ne jamais m’en lasser.
Les scènes alternatives.
La seconde version DVD de l’époque proposait un bonus de taille, elle révélait des scènes coupées. Quelques unes ne sont pas des scènes coupées mais ni plus ni moins que des versions alternatives de quelques séquences. Bonus absolument obligatoire pour les fans du film.
1 – La mort d’Elisabeta ! (Scène alternative)
La scène est beaucoup plus gore que celle retenue dans la version cinéma. Il faut souligner ce plan d’Elisabeta qui voit apparaitre sur elle l’ombre de la croix du Christ, un symbole plutôt fort. Le dialogue entre Dracula et l’évéque dur beaucoup plus longtemps … Et surtout la principale différence, c’est que le sang répandue sur la salle est très élevé, au point qu’elle inonde la salle et Elisabeta. Donnant l’impression qu’elle a été absorbée par les ténèbres.
2 – Lucy et Mina (scène alternative)
Mina raconte dans son journal intime sa vie pétillante chez sa belle ami Lucy. Cette scène révèle qu’initialement, lorsqu’elle écrivait sur sa machine à écrire, cela devait se passer avant le départ de Jonathan. D’autre part, ce n’était pas évident de le comprendre, mais la scène qui présente Mina dans le film avec Jonathan se déroulait chez Lucy. Notons qu’un des employés à de Mina à préféré faire attendre le jeune notaire dehors. Cette séquence fait écho avec les paroles de Mina dans le film « il se trouve trop pauvre pour m’épouser ».
Jonathan fait preuve d’une détermination pour progresser et réussir dans sa vie. Voilà pourquoi il accepte sans sourciller de se rendre en Transylvanie.
Notons cette musique inédite (de Kilar ?) très belle, il s’agit d’une variation du thème qui accompagne Mina joué en carillon.
3 – Jonathan et la bohémienne (scène coupée)
J’adore cette courte séquence. C’est vraiment une de mes favorites dans les bonus, courte mais très efficace. Dans le film, cette femme au visage masqué m’a toujours dérouté. Elle glisse dans ce court échange que Jonathan est maudit, et ce en prenant un certain plaisir à le dire. Comprenant logiquement où se rend le jeune notaire. La jeune femme à coté d’elle fera preuve de compassion à son égard. La phrase est différente dans cette version à ce propos puisqu’elle dit « Pour que la mort passe son chemin » avant de voir la femme masquée fermer la porte aussitôt.
Court mais diablement efficace !
4 – Mina et Lucy et les 3 hommes(scène alternative)
Mina commente les trois prétendants de Lucy, la scène est assez linaire mais donne quelques informations sur les trois hommes. La scène révèle très vite qu’Arthur sera l’époux le plus accompli pour Lucy. L’ombre de Dracula intervient également à la fin.
4 – Jonathan rencontre Dracula (scène alternative et coupée)
La rencontre avec Dracula, quelques dialogues ont été modifiés, Dracula fait entrer son hôte. Mais surtout la scène se poursuit dans les escaliers. Jonathan vante la propriété de Carfax. Notons qu’une partie du chateau semble être inondé. Dracula parvient à apparaitre plusieurs fois devant puis derrière Jonathan. Une belle illusion.
Celle ci était déductive, car lorsque Jonathan présente ses excuses au Comte, celui ci s’apprête à sourire. C’est au tour de Dracula de s’excuser, et lui demande de … boire. Un dialogue finalement peu utile en effet.
6 – L’exploration du chateau par Jonathan
Cette scène permet d’entrevoir plus de décors, des ombres menaçantes se glissent de nouvelles fois à l’intérieur. Je suis toujours surpris de voir quelques parties de ce château inondé.
7 – Jonathan et les démons de l’enfer (scène alternative)
Jonathan est capturé par ces 3 femmes tandis que Mina écrit. Et là stupeur, Jonathan ère dans le château dans le but de tuer le Comte. Cela en devient une obsession même. La scène ou il tombe de la rampe était utilisé à ce passage initialement ici. Toutefois, la scène est ridicule, et proche d’une série Z. En effet Jonathan atterrit comme par magie sur un nouveau balcon avant de voir autour de lui beaucoup de cadavres empaler. Il se retrouve juste devant le cercueil de Dracula. Le plan utilisée lorsque Dracula localise Mina appartenait à cette scène à l’origine. Dracula se lève et rit de la faiblesse du notaire, très vite capturé par les 3 sorcières derrières.
Voilà une scène qui pourrait expliquer les remaniements du scénario, dévoilant ainsi pourquoi Keanu Reeves se prend un peu trop pour le héros … Tout simplement que son personnage était écrit pour « tuer le vilain ». Et quand on sait que c’est lui qui porte un coup décisif sur la dernière partie du film, les scénaristes ont peut être voulu explorer cela.
Cette séquence était très courte dans la ver sion cinéma. La scène coupée permet de voir un des marins découvrir le corps de Dracula. Celui ci se transforme aussitôt en gorille pour le tuer dans la seconde qui suis. Court mais efficace.
9 – Le Demeter ce qu’il en reste à la fin (scène coupée)
Les marins découvrent ce qu’ils restent du vaisseau, une bête s’échappe furtivement et tue le premier marin … Cruel mais juste.
10 – Dracula et Mina (scène alternative).
MA scène alternative favorite ! La musique est la même que la seconde scène narrée ci dessus. Jonathan s’échappe de sa prison en prenant deux bâtons pour former une croix, le tout ayant un coté très comédie musicale, pendant que Mina danse avec son prince. Jonathan arrivant dans l’abbaye de Whitby vient à dire que Dracula est un démon , il montre des pièces avec son visage dessus. Il est terrasser par la peur et la haine.
Une grande réussite cette séquence.
11 – La mort de Renfield (scène coupée)
Jack et Van Helsing découvrent ce qu’il reste de Renfield. Il est sur le point de mourir mais révèle que Dracula est avec Mina. « Sauver la fille, c’est le détruire ». Une séquence qui permet d’expliquer comment le docteur et les autres savent que Mina est avec Dracula.
12 – La mort de Dracula (version longue)
La séquence a été retrouvée. Dracula meurt donc sans perdre la tête, le tout couvert d’une musique inédite. Jonathan et les autres rejoignent Mina. Le coupe est de nouveau unis pour la dernière fois. Van Helsing et les autres emportent le cadavre de Dracula pour probablement l’y enterrer.
Je reconnais volontiers qu’il aurait été plaisant de garder la fin, même si pour la symbolique Elisabeta et Dracula … Ça en impose !
Conclusion
Dracula est un film emblématique pour moi, un film très particulier dans sa réalisation, avec beaucoup d’artifices assez inédits. Ses effets sont fantastiques encore maintenant comme le fameux train que Jonathan dont je parlais plus haut. Il s’agit encore et toujours une des BO les plus belles pour mes oreilles. Les décors, les peintures, ces fantastiques idées autour de Dracula qui sont restées dans les mémoires des fans … Toutes ses lois rationnelles détournées … La quintessence du gothique et ne tombant dans aucun cliché. Film réunissant d’incroyables talents tels que les très regrettés Kilar Wojciech et Eiko Ishioka, nous ne les oublierons jamais ! Le film a retrouvé un second intérêt pour moi au moment ou j’ai commencé à me passionner sur les coulisses du films, et les quelques références glissés par le cinéaste. Gary Oldman signe une de ses plus belles prestations, il est largement convainquant, semblant attendre la résurrection de son amour qui sera son salut. Van Helsing, complètement fou hystérique à l’idée de retrouver ce terrible adversaire qu’il a si longtemps pourchassé ne laisse pas indifférent.
Cependant, oui je ne cache pas que le résultat est inégal, oui je suis profondément attaché aux 30 premières minutes du film, et il m’est arrivé souvent d’arrêter mon visionnage après la scène du bébé (sacrilège). Oui la romance avec Mina me pose quelques problèmes dont je ne parviens pas à oublier malgré la scène sensuelle avec l’absinthe. Je regrette également le sort des 3 sorcières finalement sous exploités. Mais malgré ces reproches, j’aime profondément ce film, et j’y suis très attaché.
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