Saint Seiya le Sanctuaire ! Avec la mort de Shingo Araki il y a plus d’un an, je me suis remis à revoir la série d’origine, notamment depuis l’épisode 38. Cela faisait très longtemps que je n’avais pas revu la série, je regarde donc ça d’un autre oeil. C’est assez agréable de se refaire les douze maisons, j’ai toujours voulu me la regarder d’une traite (mais 12h c’est long), ce qui me fait un visionnage en une soirée d’une maison en moyenne.
Déjà avec mon nouveau recul, rien à dire, Seiji Yokoyama restera l’un des meilleurs compositeurs japonais. Mais le petit bémol quand on écoute ses autres œuvres, c’est que le tout est très chevaleresque. Pour Saint Seiya, c’est normal, mais y a un petit hic avec ses musiques sur la série Sentai « Oh Ranger ». Même si ses partitions auraient leur place dans la saga Hades par exemple.
Tout ne vieillit pas extrêmement bien, mais ce qui frappe, c’est la violence des années 80, les japonais se permettaient certaines choses qu’ils ne peuvent plus faire à présent. On ne compte pas les animes aujourd’hui qui effacent les goutes de sang. Bref, voir Shun crever l’oeil de Spica (pourtant déjà vaincu à ce moment là) c’est … étrange de nos jours.
Grégoire Hellot qui avait rencontré le producteur de la série Saint Seiya Omega (anciennement le dirigeant de la Toei France) avait confirmé qu’il n’était plus possible de produire de telles séquences aujourd’hui à cause des associations japonaises. Ces propos se trouvent être dans le GK Live sur Saint Seiya Brave Soldier.
Mais revenons sur la série, l’anime met bien en avant le mystère sur Ares, toutes les révélations sur ce petit arrangement trouvent réponse sur les Side Story des Jump Gold. Mais ce décalage est intéressant, même si ça ne sera pas très poussé par la suite. C’est dommage de nous révéler aussi vite que le grand Kyoko/Pope est le Gémeau.
La traversée est toujours aussi magique. Toutes les maisons ne sont pas sur un pied d’égalité évidemment. Je trouverai toujours l’épisode autour d’Aldebaran bien mollasson. Seul Shiryû, Hyoga et Shun parviennent à rendre l’affrontement divertissant.
A l’époque il y a presque dix ans, on était nombreux à parler de cet épisode sur Cyna.net . Mais l’épisode réalisé par Katsumata autour de la maison de la balance sort incroyablement du lot. 20 ans plus tard, la magie ne prend pas une ride. Mieux, les situations s’emboitent magnifiquement avec le Crystal Saint. L’émotion est toujours là, accompagnée par la prestigieuse musique Dans un rêve . Bien qu’inégal dans le combat, Camu a toute notre sympathie. C’est grâce au talent de Rokuru Naya, qui illustre parfaitement les émotions de ce Gold Saint. Le final reste très poétique. Cet épisode nous rappelle ô combien Katsumata était talentueux sur la série d’origine, et qu’il réalise facilement l’un des meilleurs épisodes.
La suite avec le Cancer est sympathique … Dans le manga, Death Mask a toujours été une sorte de clown, voir un bouffon. Dans l’anime, ils ont quelque peu réhabilité son image, son design y est pour beaucoup. Il y a deux grands moments dans ce combat :
- Death Mask se rend lui même au puits des âmes ! A ce moment là, Ryouichi Tanaka se met à interpréter un rire tout droit sorti d’un film d’horreur. Le résultat est original !
- Evidement Shiryû s’énerve et l’épisode se termine sur une raclée en bonne et due forme. Voir Death Mask à terre tremblant de peur c’est juste jouissif
Le dernier épisode, à l’image de celui de la Vierge est moins poignant. Arrivé sur la maison du Lion on frappe un grand coup en mettant Shingo Araki aux commandes. L’épisode est une petite merveille. On a même le droit à une fausse piste grâce aux gardes du grand Pope. Cet épisode comporte à mon sens, une des meilleures séquences issues de l’anime absente dans le manga. Je parle bien sûr du flash back avec Aiolia, Seiya et Marine.
L’excellent site Moeru Cosmo fait un excellent petit aparté sur leur origine :
Attardons-nous quelques instants sur les constellations auxquelles sont rattachées les Cloths revêtues par les deux créations de l’anime que sont les disciples de Shaka, Shiva du Paon et Agora du Lotus, pour nous apercevoir que les choix opérés par l’anime sont loin d’être anodins.
Pour le paon : Contrairement à notre culture occidentale où il est le symbole de l’orgueil et de l’arrogance, le paon constitue en Orient la dignité et la beauté, ainsi que le renoncement aux valeurs d’apparence pour les Bouddhistes. La roue qu’il crée par son plumage lors de ses parades nuptiales symbolise la Grande Roue Cosmique qui régit la mécanique de l’Univers selon les croyances en vigueur dans la péninsule indienne.
Pour le lotus : Le lotus revêt la même symbolique en Orient que le lys en Occident (et il a existé autrefois une constellation du lys). Cette plante, qui semble naître d’elle-même à partir de l’eau, revêt la force créatrice et la puissance génératrice des eaux primordiales. Il est par suite le symbole de la réincarnation, plus que de la résurrection. Il est la totalité du temps : passé dans ses boutons, présent dans sa fleur et futur dans ses graines. Il incarne la perfection de la beauté virginale féminine. Il existe dans le Bouddhisme une expression qui dit « Om mani padme hum » : le joyau dans le lotus (le mani est une pierre précieuse à partir de laquelle une lumière jaillit pour dissiper les ténèbres et éclairer le mondes). Enfin on distingue plusieurs types de lotus : roses (padma) comme symbole de la prospérité, blancs comme symbole de compassion et bleus comme symbole lunaire de Shiva
Autre chose, la fin de l’épisode ! Remarquable puisqu’on est plongé dans un désespoir jusque là inconnu chez Ikki. Cela dit, ça va aller beaucoup plus loin très vite. Passons à Shaka, les séquences inédites de l’anime sont bien trouvé. Capable de donner un temple en parfaite harmonie avec le personnage. Il est dommage que Kurumada lui même n’est pas tenté de créer une approche un peu plus nuancée entre Shiryû et Shaka. La puissance de Shaka est telle qu’on a bien de la peine à voir Shun prisonnier de ses propres chaines. On comprend vite que derrière la sagesse apparente de cet homme se cache un être obnubilé par sa puissance. Lorsqu’il prétend vouloir achever Shun, le propos est assez sidérant.
Le Phoenix arrive à la rescousse et nous avons le droit a des échanges passionnants. Jusqu’à présent, hormis avec Shiva & Agora, Ikki avait toujours été le Saint qui brillant le mieux. On se souvient de la méga claque avec Dante & Capela ! Ou encore le ridicule Saint Ennetsu. Bref, pour le moment Ikki brillait dans chacune de ses apparitions. Même son combat avec le Black Phoenix (faussé car sans armure) tourne court. C’est avec tout ça en mémoire que nous commençons le combat avec Shaka et évidemment le résultat est impressionnant, si Ikki semble être le plus expérimenté de son groupe, il en est presque de même avec Shaka. C’est ce combat où le fan a commencé à se questionner : Est ce que tous les Saints ont vraiment des pouvoirs équivalents ? Quand on sait que Death Mask n’a qu’une seule véritable technique et que Shaka en compte au minimum 7. De quoi faire plaisir aux fans curieux puisque les références sont très pointues. D’emblée le Rikudô Rinne (Métempsychose à travers les six voies) apparait comme une attaque à la fois originale et invraisemblable ! Il faudra s’appuyer sur un livre du Boudhisme pour y déceler les références.
C’est ce qui caractérise ce combat, c’est qu’en 114 épisodes, il n’y a pas un seul combat mettant en avant autant de références sur une culture, une mythologie, excepté plus tard, Krishna de Chrysaor via sa maitrise du Kundalini.
Ce voyage autour du Boudhisme c’est Ikki qui le subit. Sans connaitre la version originale, il est impossible de comprendre que Rikudô Rinne agit sur le Phoenix pendant tout le combat. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il ne parvient pas à s’enfuir. En parlant de ce Saint, il apprend ce qu’est la véritable peur …
Entre nous, le passage où le Phoenix Genma Ken est renvoyé à son utilisateur, c’est juste poignant lorsque le héros fait l’état des lieux sur ce qui s’est passé. Malgré une vaillante résistance, bien que très veine. Shaka apporte un désespoir immense au Phoenix en invoquant leTenbu Hôrin. Et là c’est juste un désespoir inouï ! Et d’une rare cruauté. Bon c’est un petit raccourci ce que je dis, puisque Shaka réalisant qu’il ne peut tuer le Phoenix à cause de ses résurrections s’apprête à l’y préparer en le rendant inoffensif. Cette torture est quand même délicate.
C’est d’ailleurs pour cela que ce Saint ne sera jamais un de mes favoris, à cause du sadisme qu’il met à l’ouvrage. Et encore le manga va légèrement plus loin là dessus. L’épisode culte de Yamauchi se termine sur l’abolition des 5 sens. Ce qui est impressionnant avec tout ceci, c’est que si l’on sait à peu près tous que l’épisode suivant est « bien sans plus », on a toujours envie de le revoir tant le suspense est à son comble.
Le résultat déçoit. En dix minutes, l’action est bien molle. Ikki perd donc son dernier sens, Shun intervient, mais préfère laisser son frère triompher. La résolution de l’énigme sur les yeux de Shaka n’est pas très crédible. En gros Shaka n’utilise pas tout son cosmo lorsqu’il ferme les yeux, et l’utilise à fond (ce cosmo laissez derrière) lorsqu’il ouvre les yeux. CDZ Abregé à plutôt tuer cette résolution en impliquant Shiryû sur une très belle vanne. Par ailleurs, quand on voit le désespoir du Phoenix dans l’épisode d’avant, on sourit toujours en pensant que c’était finalement volontaire. J’ai toujours des frustrations en voyant Shiryû et Seiya presque insensible à la mort du Phoenix. Enfin c’est déjà mieux que dans le manga, ou l’on a quasi l’impression qu’ils ignorent ce qui s’est passé. En tout cas, grand épisode sur Shaka, aussi bien sur la poésie que cela engendre sur le Phoenix que les multiples allusions au Boudhisme.
Shun se sacrifie finalement pour réchauffer Hyoga, une scène qui a fait fantasmer bien des fans de yaoi à cause de son étonnante ambiguïté.L’occasion pour la première fois d’en savoir un peu plus sur l’entrainement de Shun. J’y reviendrai lors de la maison du poisson.
Monumental récit, et belle analyse, je ne sais pas par où commencer… Déjà, bravo d’avoir cité tous les réalisateurs, on comprend pas mal de choses : l’épisode où Hyoga arrive à « battre » Milo, par exemple, prend tout son sens esthétiquement : je l’avais toujours trouvé bizarre. Ensuite, la comparaison permanente avec le manga est intéressante, sauf peut être à la toute fin : le manga se termine de façon bien plus intelligente que l’anime par le suicide de Saga. L’épisode 73 est très clairement en dessous du 72 (qui est sans doute un de mes préférés également)… En plus on ne voit pas Shiryu retomber du ciel : il faudra attendre Asgard pour en avoir l’explication… !
Je me suis fait toute la bataille du sanctuaire, en une nuit, lorsque mon épouse a accouché de ma petite dernière, en 2013 (je les avais pas rematés depuis des années). Ca m’a mis dans un drôle d’état mais j’ai adoré cette expérience : j’en ai eu l’idée car ma fille est née Gémeaux. Note que j’ai alors zappé tous les flashbacks et redites inutiles pour gagner du temps… Dans le style de DBZ Kaï, ce serait d’ailleurs pas mal qu’ils refassent un CDZ KaÏ, plus dynamique et plus proche du manga, non ?
Je suis plus critique que toi sur la maison du Sagittaire, qui, dans l’anime me semble dépourvue de sens. Autrement, je n’aurais pas le temps ni la place de reprendre ton article à chaque fois pour rajouter des commentaires : ce serait presque pas mal de faire 12 articles, un par maison, pour le coup !
Pour finir ce que j’ai toujours globalement préféré dans l’anime est le traitement de la lumière du jour jusqu’à la tombée de la nuit, en passant par l’épisode orageux de la maison de la Vierge, très symbolique (c’est le moment où les Saints sont quasiment vaincus). Esthétiquement c’est irréprochable, et unique dans l’histoire d’un anime, du moins à ma connaissance.
Oui j’avais écris cet article il y a longtemps, je devrais même le mettre à jour puisque j’ai vu passé une illustration de Masami Kurumada sur Shiva et Agora, ce qui prouvent bien qu’ils ont été confectionné par le mangaka avant d’être ajusté par la Toei.
Concernant la fin du manga qui est meilleure que l’animé, la raison est toute simple, lorsque l’épisode 72 a été diffusé au Japon, la dernière publication du manga en était au chapitre se terminant par Ikki arrivant chez Saga. C’est à ce moment là où l’anime est totalement différent du manga, car la suite n’existait pas encore.
C’est drôle que tu dises ça pour avoir fait le sanctuaire en une nuit, on a fait ça avec un pote le jour de l’an (2015), je me suis un peu assoupi sur quelques maisons, mais ça été ^^